Népal, marche aux pays des Dieux... (2001)

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Journée de repos au camp de base. Lever 5h45.

Il neige, la température dans la tente est de -4°c.

Nous prenons notre temps aujourd'hui, vers 12h00, nous "poussons" jusqu'a 5200 m.

 

   

 

Demain, nous nous attaquons à la montagne, nous devons parvenir directement au camp 2 vers 5800 m.

Nous nous couchons tôt sans être parvenus à manger.


 


 

 

Nous devons rejoindre aujourd'hui, le camp 2 ( 5800 m ) directement. 

 

   

 

Il s'agit d'une grosse étape (près de 1000 m de dénivelé) en altitude. Nous chaussons vers 5200, il fait chaud. La première corde fixe nous mène au Mera La, vers 5400 m.

 


Chacun est monté à son rythme, je suis arrivé avec Nicolas, nous attendons les autres. Je me sens vraiment très bien.
 

Vers 5500 m, l'altitude commence à se faire sentir, elle commence à perturber l'entrain des mes pas. A 5600 m, je suis vidé, incapable de continuer, et pourtant...

 

Les 200 derniers mètres sont un véritable calvaire.

 

Nous parvenons au bivouac, je ne peux pas monter la tente, je m'assieds, puis me lève, me couche...
 

 
 

4 Heures sans pouvoir espérer me lever tellement le mal de crane est violent. Mes compères ne sont pas mieux mais ils me font à manger. Je ne peux pas manger, je ne tiens pas debout, je ne tiens pas assis, je ne tiens pas. A chaque fois que l'on me parle, j'ai l'impression qu'un camion lancé à vive allure, me percute la tête.
Le médecin du groupe vient régulièrement me prendre le pouls, je suis inquiet, lui non.
Dans la soirée, panique. Dans une des tentes voisines (Allibert), un alpiniste fait un œdème pulmonaire, tout le monde crie et s'agite... Corticoïdes et caisson toute la nuit.
Je suis mal, affolé, inquiet, non pas inquiet...
Le pauvre alpiniste survivra à ces longues heures d'angoisse et sera redescendu à dos d'homme le lendemain...

A ce moment, mes seules envies sont d'oublier le Mera Peak et de redescendre dés le lendemain, si la nuit se passe bien, si la nuit se passe...


 


 


Après avoir dormi par bribes toute la nuit, après avoir beaucoup bu, je me lève à 3 heures, ça va mieux, un léger mal de crane mais rien de trop handicapant.
Je vais au moins passer la barre des 6000 m.
 

Nous partons à 5h00, Laurent ne suivra pas.

La vue dans la montée est magique; Everest, Lothse, Makalu, Baruntse...


Le simple fait de prendre des photos est un supplice, une violence que je ne regretterais jamais.
 

6000, je pousse...

6100, je pousse...

6200, nous divisons les cordées, je vais avec la plus lente, je pousse...

Les nuages nous suivent, la cordée Allibert aussi.

Vers 6200 m, alors que je n'ai cessé d'encourager Michel, j'espère à mon tour, qu'il me dise, ok, on descend...



 

  Et non, c'est à lui de m'encourager, chaque pas est une souffrance, chaque pas est une victoire. Nous avons cependant trouvé notre rythme.

  6300 puis 6400 m, au pied des cordes fixes.
 

 
 

Les nuages sont la, juste derrière nous, il faut faire vite !

Ils sont déjà 3 au sommet, je m'assure, c'est raide, difficile mais le sommet est si proche !
A 5 mètres du sommet, à 6470 m, en bout de corde, ordre de redescendre !
L'orage violent arrive, les bourdonnements ont été ressentis ! Je n'ai pas passé une seconde au sommet, après 13 jours d'approche !

Michel est 70 mètres plus bas...

Nous ferons toute la descente dans la neige, le brouillard, le froid et le soulagement d'avoir vaincu, de redescendre. 

2h30 plus tard, nous sommes au camp de base à 4850 m, nous avons croisé des anglais qui ne nous rassurent pas sur l'état de santé de notre ami alpiniste, rescapé de sa nuit en altitude.  48 heures sans manger ni dormir réellement, 24 heures au dessus de 5800 m, le camp de base est un petit bout de paradis.  Jambon purée, ce soir ! quel bonheur !

Nous commençons à penser aux restaurants de Katmandou. Laurent ne va pas mieux.  Nous nous couchons baignés d'un air oxygéné ( quoique à 4850 m... )

 

   
 

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Photos et textes © Pierre Letienne