Pérou, cinq semaines sur les cimes... (2002)

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Après quarante minutes d'attente , un collectivo nous ramène à Yungay, (sans nous arnaquer) puis un autre à Huaraz. 3h30 après notre départ, l'hôtel est réservé et nous allons manger les cheeseburgers tant attendus !

Le soir même, nous remettons ça avec nos amis belges qui nous ont rejoints... Ils partent demain pour un trek, peut être les recroiserons nous sur le Chopicalqui.
Au programme pour ces 3 jours pleins à Huaraz: manger (remanger), dormir et flâner. On se couche, morts de fatigue dans de vrais lits, avec un toit sur la tête et propres !


 


Réveil agréable, sans humidité, sans gel et avec la télévision ! Première mission: réactualiser le site Internet !  Le reste de la journée est dédié au repos et aux cheeseburgers (Un euro le cheeseburger avec son assiette de vraies frites ! )...  Quatre assiettes chacun...


Farniente encore au programme, balade au splendide et coloré marché de Huaraz.
Le soir nous rencontrons le guide, nous voulons lui parler d'un sujet qui nous inquiète... 14 morts en deux semaines au Huascaran, la montagne que nous avions prévue de gravir...
Nous lui faisons part de nos inquiétudes et nous nous accordons tous à dire que la montagne est beaucoup trop dangereuse cette année, nous ne voulons pas mettre en jeu notre vie sur une montagne qui ne cesse de " dégueuler " avalanches et blocs de glace... Le Huascaran, une autre année...

Le programme de remplacement fait tout aussi rêver : Nous partons dès demain six jours pour gravir l'Inshinca ( 5530 mètres ) et le Tocclaraju ( 6032 mètres ). Nous reviendrons une journée à Huaraz, puis nous repartirons quatre jours pour gravir le Chopicalqui ( 6354 mètres ). 

Nous dînons avec Marc le soir même dans une pizzeria tenue par un français.


Au menu du petit déjeuner: trois turista s'il vous plait . Certainement le poulet ( pollo ) dans la pizza... Médicaments et coca sont les seules choses que l'on peut ingurgiter sans craindre un quelconque retour de flamme... 

Petite réunion à notre hôtel avec Magno et Marc vers 10h00 du matin, pour passer en revue le matériel technique. Derniers achats, nous rencontrons une dernière fois nos deux guides dans la soirée pour conclure des derniers détails... Rajoutons simplement que nous avons fait venir le médecin à l'hôtel, mais que son action, bien que dévouée, n'a rien pu faire face à nos médicaments français...
Nous partons donc demain vers 9h00 avec guide, mules et tout notre matériel...
Nous vous donnons rendez-vous dans une petite semaine...


Départ pour Collon où nous attendent les mules et les arrieros. Notre chauffeur nous fait cependant faire un détour d'une trentaine de kilomètres, malgré nos remarques (il pensait à une blague...) 

La turista semble éradiquée mais nous nous sentons tous très faibles.  Nous arrivons à Collon au terme de 45 minutes d'une piste chaotique, point de départ de la quebrada ( vallée ) Inshinca. Quatre heures de marche avec plus ou moins de souffrance ( rien dans le ventre depuis 48 heures ) et nous arrivons au Base Camp à 4350 mètres. 

   

Il y a beaucoup de monde mais nous trouvons un espace à l'écart où nous montons le camp. 

Nous allons faire une découverte importante, celle de la cuisine de notre cuistot Racrachancra qui nous prépare des plats dignes des restaurants de la vallée. La poule ( vivante ) qu'il a montée de la vallée ne semble pas au mieux, elle semble souffrir....de l'altitude... 


Levé à 3 heures pour gravir l'Inshinca ( 5530 m). C'est une dure journée qui s' annonce (presque 1200 m de positif et autant de négatif ). Nous arrivons au lever du jour sur le glacier vers 4950 m, nous y rencontrons les français du Pisco (Nicolas et Barbara) et nous gravissons ce belvédère de 5530 m qui nous donne un bel aperçu sur la cordillère blanche. Le temps est superbe, l’ambiance est joviale.
Nous effectuons de plus la traversée, nous sommes montés par le face nord et nous redescendons par la voie sud. Le travail d'acclimatation effectué les jours précédents a porté ses fruits, nous ne souffrons pas beaucoup des méfaits de l'altitude. 

   

   

Nous redescendons au camp de base avec nos amis français. Gatien aura testé  " je tombe dans une crevasse remplie d'eau ", il s'en tire avec une jambe mouillée et une belle crise de rire. La descente s’effectue rapidement et dans la bonne humeur, les jours prochains semblent s’annoncer sous les meilleurs hospices… 

   

Après une belle journée de près de dix heures, le festin que nous a préparé Racrachancra nous permet de reprendre des forces. 


Après une grasse matinée (lever 7 heures) nous nous préparons pour monter au camp 1 du Tocllaraju qui se trouve sur le glacier vers 5150 m. 

Malheureusement le temps ne semble pas nous faire de faveurs, il commence à neiger vers 4500 m puis c'est une véritable tempête de neige qui s'abat sur nous.  Nous mettons presque 3h30 pour atteindre le camp 1 à 5150 m et nous y montons la tente sous le déluge. Au camp 1, deux tentes: deux chiliens qui tenteront le sommet comme nous demain et une tente vide ( !? ). Apparemment ce sont des espagnols qui ont tenté le sommet aujourd’hui mais ils tardent à rentrer. 

Les belles éclaircies nous font espérer des conditions plus clémentes pour le lendemain. 

Les yeux resteront rivés sur le baromètre (et sur le toit intérieur de la tente sur lequel on entend sans discontinuer tomber la neige...). Après un repas hâtif dans la tente, nous nous couchons vers 19h00.


Lever à 3h00, notre cuistot fait fondre de la neige depuis 1h45 ! Le temps est au beau, on voit les étoiles et le sommet que nous n'avons pas pu discerner la veille.

Nous partons vers 4h00 dans 15 à 20 centimètres de neige fraîche.
Les chiliens partis une heure avant nous ont fait la trace et nous montons lentement mais régulièrement dans la nuit, éclairés par la lune et la lumière de nos lampes frontales.

Le ciel est pastel, le ciel est nacré… 

       

Vers 5600 mètres, première difficulté technique, la rimaye à passer (grosse crevasse ). Nous sommes assurés par Magno et Marc, le passage est assez impressionnant mais il passe sans encombre.

Nous atteignons le col vers 5700 m alors que nous voyons descendre deux alpinistes. Ce sont les espagnols, pris dans la tempête hier alors qu'ils étaient au sommet, ils ne pouvaient plus redescendre... Ils ont donc passé la nuit dans une crevasse à près de  6000 mètres d'altitude !

Apres un brève conversation, nous reprenons le chemin du sommet . Nouvelle pause vers 6000 m pendant que Magno passe la dernière crevasse et monte en tête la dernière portion (60 m entre 50 et 60 degrés) avec 2000 m de vide dans notre dos. 

Nous croisons les chiliens qui redescendent du sommet. 

     

Une heure plus tard nous sommes au sommet du Tocllaraju ( 6034 m ). Le mauvais temps s'est cependant levé à 15 minutes du sommet, la visibilité est quasiment nulle, le vent fort et glacial. Nous restons 15 minutes au sommet en espérant que cela se découvre... Quelques timides éclaircies mais il faut redescendre.

Nous descendons en rappel chacun notre tour, les manœuvres de cordes et les relais nous prennent du temps, nous serons resté presque 2 heures entre 5900 m et 6034 m. Lors du dernier rappel, Frédéric chute dans la rimaye (1.50 mètre de large pour 10 mètres de profondeur). Que sa famille se rassure, pas de bobo...

   

La descente est longue, dans une poudreuse transformée par le soleil, nous arrivons vers 14h00 au camp 1, fatigués mais heureux d'avoir ce 6000 en poche (premier 6000 pour Frédéric et Gatien .)

   

Frédéric s'endort tout habillé dans la tente, pendant ce temps, nous discutons avec Marc et Magno; nous aimerions être dès demain à Huaraz pour avoir 2 jours complets de repos avant d'attaquer le Chopicalqui ( 6354 m ).
Initialement, nous devions dormir au camp 1, puis au camp de base. Nous proposons de descendre directement du camp 1 demain jusque Collon où nous attendra le bus pour rejoindre Huaraz. La décision est prise, Racrachancra et Marc redescendent le jour même au camp de base pour prévenir par radio les muletiers et notre chauffeur. 

Après un repas rapide, nous nous couchons peu après 18h00. 


Après une mauvaise nuit (pour moi), nous nous levons vers 5h45, nous démontons le camp, Racrachancra nous a rejoint pour nous aider au portage et nous mettons à peine plus d'une heure pour rejoindre le camp de base à 4350 mètres.
Après un petit déjeuner frugal, nous nous mettons en route pour Collon ( 3350 m ) où nous attend le bus.

Sortie de nulle part, une petite fille nous regarde descendre à grandes enjambées.

   

Dans la descente nous rencontrons pour une énième fois Nicolas et Barbara qui redescendent (pénurie de vivres). Nous arrivons à Collon, nous partageons le bus avec nos amis français qui redescendent eux aussi dans la vallée. 

Enfin, nous serons dans une heure à Huaraz... 

... jusqu'à ce fameux pont... 

... En effet, sur la piste qui mène à la vallée, des ouvriers construisent (est-ce le mot ?) un pont avec des pierres, des rondins de bois et de la terre. Magno descend pour les presser un peu, puis 15 minutes après le pont est prêt ( ? )
Par soucis de sécurité, on nous demande de descendre du bus et de passer le pont à pied.
Le bus avance doucement, une planche vole, et le bus s'affaisse de 30 cm... Le pont n'est pas solide !  De plus, un autre bus arrive en face et nous informe que l'on ne peut plus passer plus bas, deux autres ponts sont en réfection. Un demi tour hasardeux plus tard, nous voici de retour à Collon . 

Nous passerons par une autre vallée.  Nous devions mettre une heure pour rejoindre Huaraz, nous avons mis trois heures, en passant par des pistes que l'on hésiterait à prendre en VTT, dans des vallées reculées où le temps semble s'être arrêté.

Petite frayeur tout de même lorsque nous croisons une fête de village où les habitants quelque peu imbibés nous menacent avec des tessons de bouteilles...
Après toutes ces émotions, la soirée se finit à la crêperie " Chez Patrick " avec Marc.

 

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Photos et textes © Pierre Letienne