Après quarante minutes d'attente , un collectivo nous ramène à Yungay, (sans nous arnaquer) puis un autre à Huaraz. 3h30 après notre départ, l'hôtel est réservé et nous allons manger les cheeseburgers tant attendus !
Le soir même, nous remettons ça avec
nos amis belges qui nous ont
rejoints... Ils partent demain pour
un trek, peut être les recroiserons
nous sur le Chopicalqui.
Au programme pour ces 3 jours pleins
à Huaraz: manger (remanger),
dormir et flâner. On se couche,
morts de fatigue dans de vrais lits,
avec un toit sur la tête et propres
!
Réveil agréable, sans humidité, sans gel et avec la télévision ! Première mission: réactualiser le site Internet ! Le reste de la journée est dédié au repos et aux cheeseburgers (Un euro le cheeseburger avec son assiette de vraies frites ! )... Quatre assiettes chacun...
Farniente encore au programme,
balade au splendide et coloré marché
de Huaraz.
Le soir nous rencontrons le guide,
nous voulons lui parler d'un sujet
qui nous inquiète... 14 morts en
deux semaines au Huascaran, la
montagne que nous avions prévue de
gravir...
Nous lui faisons part de nos
inquiétudes et nous nous accordons
tous à dire que la montagne est
beaucoup trop dangereuse cette
année, nous ne voulons pas mettre en
jeu notre vie sur une montagne qui
ne cesse de " dégueuler " avalanches
et blocs de glace... Le Huascaran,
une autre année...
Le programme de remplacement fait tout aussi rêver : Nous partons dès demain six jours pour gravir l'Inshinca ( 5530 mètres ) et le Tocclaraju ( 6032 mètres ). Nous reviendrons une journée à Huaraz, puis nous repartirons quatre jours pour gravir le Chopicalqui ( 6354 mètres ).
Nous dînons avec Marc le soir même dans une pizzeria tenue par un français.
Au menu du petit déjeuner: trois turista s'il vous plait . Certainement le poulet ( pollo ) dans la pizza... Médicaments et coca sont les seules choses que l'on peut ingurgiter sans craindre un quelconque retour de flamme...
Petite réunion à notre hôtel avec
Magno et Marc vers 10h00 du matin,
pour passer en revue le matériel
technique. Derniers achats, nous
rencontrons une dernière fois nos
deux guides dans la soirée pour
conclure des derniers détails...
Rajoutons simplement que nous avons
fait venir le médecin à l'hôtel,
mais que son action, bien que
dévouée, n'a rien pu faire face à nos
médicaments français...
Nous partons donc demain vers 9h00
avec guide, mules et tout notre
matériel...
Nous vous donnons rendez-vous dans
une petite semaine...
Départ pour Collon où nous attendent les mules et les arrieros. Notre chauffeur nous fait cependant faire un détour d'une trentaine de kilomètres, malgré nos remarques (il pensait à une blague...)
La turista semble éradiquée mais nous nous sentons tous très faibles. Nous arrivons à Collon au terme de 45 minutes d'une piste chaotique, point de départ de la quebrada ( vallée ) Inshinca. Quatre heures de marche avec plus ou moins de souffrance ( rien dans le ventre depuis 48 heures ) et nous arrivons au Base Camp à 4350 mètres.
Il y a beaucoup de monde mais nous trouvons un espace à l'écart où nous montons le camp.
Nous allons faire une découverte importante, celle de la cuisine de notre cuistot Racrachancra qui nous prépare des plats dignes des restaurants de la vallée. La poule ( vivante ) qu'il a montée de la vallée ne semble pas au mieux, elle semble souffrir....de l'altitude...
Levé à 3 heures pour gravir l'Inshinca
( 5530 m). C'est une dure journée
qui s' annonce (presque 1200 m de
positif et autant de négatif ). Nous
arrivons au lever du jour sur le
glacier vers 4950 m, nous y
rencontrons les français du Pisco (Nicolas et Barbara) et nous
gravissons ce belvédère de 5530 m
qui nous donne un bel aperçu sur la
cordillère blanche. Le temps est
superbe, l’ambiance est joviale.
Nous effectuons de
plus la traversée, nous sommes
montés par le face nord et
nous redescendons par la voie sud.
Le travail d'acclimatation effectué
les jours précédents a porté ses
fruits, nous ne souffrons pas
beaucoup des méfaits de l'altitude.
Nous redescendons au camp de base avec nos amis français. Gatien aura testé " je tombe dans une crevasse remplie d'eau ", il s'en tire avec une jambe mouillée et une belle crise de rire. La descente s’effectue rapidement et dans la bonne humeur, les jours prochains semblent s’annoncer sous les meilleurs hospices…
Après une belle journée de près de dix heures, le festin que nous a préparé Racrachancra nous permet de reprendre des forces.
Après une grasse matinée (lever 7 heures) nous nous préparons pour monter au camp 1 du Tocllaraju qui se trouve sur le glacier vers 5150 m.
Malheureusement le temps ne semble pas nous faire de faveurs, il commence à neiger vers 4500 m puis c'est une véritable tempête de neige qui s'abat sur nous. Nous mettons presque 3h30 pour atteindre le camp 1 à 5150 m et nous y montons la tente sous le déluge. Au camp 1, deux tentes: deux chiliens qui tenteront le sommet comme nous demain et une tente vide ( !? ). Apparemment ce sont des espagnols qui ont tenté le sommet aujourd’hui mais ils tardent à rentrer.
Les belles éclaircies nous font espérer des conditions plus clémentes pour le lendemain.
Les yeux resteront rivés sur le baromètre (et sur le toit intérieur de la tente sur lequel on entend sans discontinuer tomber la neige...). Après un repas hâtif dans la tente, nous nous couchons vers 19h00.
Lever à 3h00, notre cuistot fait fondre de la neige depuis 1h45 ! Le temps est au beau, on voit les étoiles et le sommet que nous n'avons pas pu discerner la veille.
Nous partons vers 4h00 dans 15 à 20
centimètres de neige fraîche.
Les chiliens partis une heure avant
nous ont fait la trace et nous
montons lentement mais régulièrement
dans la nuit, éclairés par la lune
et la lumière de nos lampes
frontales.
Le ciel est pastel, le ciel est nacré…
Vers 5600 mètres, première difficulté technique, la rimaye à passer (grosse crevasse ). Nous sommes assurés par Magno et Marc, le passage est assez impressionnant mais il passe sans encombre.
Nous atteignons le col vers 5700 m alors que nous voyons descendre deux alpinistes. Ce sont les espagnols, pris dans la tempête hier alors qu'ils étaient au sommet, ils ne pouvaient plus redescendre... Ils ont donc passé la nuit dans une crevasse à près de 6000 mètres d'altitude !
Apres un brève conversation, nous reprenons le chemin du sommet . Nouvelle pause vers 6000 m pendant que Magno passe la dernière crevasse et monte en tête la dernière portion (60 m entre 50 et 60 degrés) avec 2000 m de vide dans notre dos.
Nous croisons les chiliens qui redescendent du sommet.
Une heure plus tard nous sommes au sommet du Tocllaraju ( 6034 m ). Le mauvais temps s'est cependant levé à 15 minutes du sommet, la visibilité est quasiment nulle, le vent fort et glacial. Nous restons 15 minutes au sommet en espérant que cela se découvre... Quelques timides éclaircies mais il faut redescendre.
Nous descendons en rappel chacun notre tour, les manœuvres de cordes et les relais nous prennent du temps, nous serons resté presque 2 heures entre 5900 m et 6034 m. Lors du dernier rappel, Frédéric chute dans la rimaye (1.50 mètre de large pour 10 mètres de profondeur). Que sa famille se rassure, pas de bobo...
La descente est longue, dans une poudreuse transformée par le soleil, nous arrivons vers 14h00 au camp 1, fatigués mais heureux d'avoir ce 6000 en poche (premier 6000 pour Frédéric et Gatien .)
Frédéric s'endort tout habillé dans
la tente, pendant ce temps, nous
discutons avec Marc et Magno; nous
aimerions être dès demain à Huaraz
pour avoir 2 jours complets de repos
avant d'attaquer le Chopicalqui (
6354 m ).
Initialement, nous devions dormir au
camp 1, puis au camp de base. Nous
proposons de descendre directement
du camp 1 demain jusque Collon où
nous attendra le bus pour rejoindre
Huaraz. La décision est prise,
Racrachancra et Marc redescendent le
jour même au camp de base pour
prévenir par radio les muletiers et
notre chauffeur.
Après un repas rapide, nous nous couchons peu après 18h00.
Après une mauvaise nuit (pour moi),
nous nous levons vers 5h45, nous
démontons le camp, Racrachancra nous
a rejoint pour nous aider au portage
et nous mettons à peine plus d'une
heure pour rejoindre le camp de base
à 4350 mètres.
Après un petit déjeuner frugal, nous
nous mettons en route pour Collon (
3350 m ) où nous attend le bus.
Sortie de nulle part, une petite fille nous regarde descendre à grandes enjambées.
Dans la descente nous rencontrons pour une énième fois Nicolas et Barbara qui redescendent (pénurie de vivres). Nous arrivons à Collon, nous partageons le bus avec nos amis français qui redescendent eux aussi dans la vallée.
Enfin, nous serons dans une heure à Huaraz...
... jusqu'à ce fameux pont...
... En effet, sur la piste qui mène
à la vallée, des ouvriers
construisent (est-ce le mot ?) un
pont avec des pierres, des rondins
de bois et de la terre. Magno
descend pour les presser un peu,
puis 15 minutes après le pont est
prêt ( ? )
Par soucis de sécurité, on nous
demande de descendre du bus et de
passer le pont à pied.
Le bus avance doucement, une planche
vole, et le bus s'affaisse de 30
cm... Le pont n'est pas solide ! De
plus, un autre bus arrive en face et
nous informe que l'on ne peut plus
passer plus bas, deux autres ponts sont
en réfection. Un demi tour hasardeux
plus tard, nous voici de retour à Collon .
Nous passerons par une autre vallée. Nous devions mettre une heure pour rejoindre Huaraz, nous avons mis trois heures, en passant par des pistes que l'on hésiterait à prendre en VTT, dans des vallées reculées où le temps semble s'être arrêté.
Petite frayeur tout de même lorsque
nous croisons une fête de village où
les habitants quelque peu imbibés
nous menacent avec des tessons de
bouteilles...
Après toutes ces émotions, la soirée
se finit à la crêperie " Chez
Patrick " avec Marc.