Pérou, cinq semaines sur les cimes... (2002)

 

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Après un réveil tardif, l'habituelle " mission Internet " ... Nous déjeunons à 12h30 avec nos amis français et Marc. 


Nous faisons un point matériel avec Marc et Magno vers 10h00.  Le reste de la journée est consacré au repos et à la préparation du matériel pour le lendemain.
Nous avons une petite visite à l'hôtel de nos amis belges qui reviennent du Chopicalqui, avec une petite gelure de l'orteil, sans gravité. Nous partons demain à 7h30 pour quatre jours pour tenter l'ascension du Chopicalqui ( 6354 m ), des nouvelles dans quatre jours environ... 


Nous partons comme prévu en mini bus pour le Chopicalqui.
Apres 2h30 de piste, le mini bus nous dépose dans un virage vers 4150 m, virage duquel part un petit chemin qui doit nous mener au camp de base puis camp moraine du Chopicalqui. Le camp de base (4300 m) n'est qu'à 30 minutes de la piste, nous irons donc dormir au camp moraine (4900 m).

Au camp de base, nous croisons une expédition coréenne qui comporte une vingtaine de membres. Cette expédition est suréquipée; radio, camps permanents, banderoles... c'est déroutant de professionnalisme. Les coréens restent 11 jours sur la montagne, nous n'en passerons que quatre....  Nous dépassons donc le camp de base pour traverser la moraine qui doit nous mener quatre heures plus tard au camp moraine. Alors que nous traversons la moraine, nous apercevons une énorme avalanche qui dévale du Huascaran, dans un fracas étourdissant... Nous en apercevrons (et filmerons) encore quatre.  Sans danger objectif pour nous (nous étions absolument hors de portée), cela est néanmoins particulièrement impressionnant.
Nous arrivons au camp moraine où sont installés bien sûr quelques coréens, et nous montons le camp dans un décors de rêve... 

Nous avons vue sur tout le nord de la cordillère blanche ( Huandoy, Pisco, Chacraraju, Alpamayo... ) 

   


Réveil tardif au camp moraine, aujourd’hui, nous devons monter au camp 2 qui se trouve vers 5200 m. L'étape ne doit pas être très longue, au plus trois heures...  Nous prenons pied sur le glacier vers 5000 m ou nous croisons des expéditions qui redescendent, tous n'ont pas fait le sommet... Le camp initial vers 5200 m est malheureusement indisponible (chute de séracs ), nous montons finalement, laborieusement plus haut, vers 5500 (on s'apercevra plus tard avec le GPS que nous sommes finalement a plus de 5600 m).

   

Des coréens , bien sûr et des allemands occupent l'endroit.

Nous montons le camp dans le vent et un froid glacial et nous rentrons dans la tente: il est 15h00 et commencent les longues heures d'attente, les heures pendant lesquelles personne n'est très bien, pendant lesquelles il faut boire et manger, bien que ce soit difficile, les heures pendant lesquelles il ne faut pas dormir, sous peine de nuit blanche... 

Gatien va à peu près bien, Frédéric "plane" un peu, moi ça ne va pas trop mal...
Nous sommes cependant gratifiés d'un splendide couché de soleil, mon plus beau en tous cas… 

Après s'être forcés à manger, nous nous couchons pour une nuit froide et entrecoupée de réveils. 


Lever 2h30, je suis réveillé depuis 2h00 par le réchaud à essence qui brûle dans le froid glacial de la nuit... Frédéric va beaucoup mieux, Gatien a  mal au genoux, c'est peu encourageant...
 Nous nous levons tant bien que mal, avalons une tasse de thé et nous partons vers 3h30 sur cette montagne que seules nos lampes frontales éclairent.  Nous partons les derniers, devant nous, une dizaine de coréens et les allemands. Nous distinguons au loin les frontales... Nous partons assez vite, au bout de 45 minutes, nous doublons les coréens, au bout d'1h30, nous sommes seuls devant. 

Le vent se lève avec le jour, il fait glacial !! 

Nous arrivons nous aussi avec le jour en haut d'une grande pente de neige à 55-60 degrés, nous sommes frigorifiés, la température doit avoisiner les -20 degrés. Nous sommes vers 6100 m. Nous passons sous une barrière de séracs et la Gatien qui est 20 m devant moi veut faire demi tour, ça ne va pas, sa tête ne répond plus, l'altitude l'empêche d'aller plus loin. 

   

Après 10 minutes de réflexion, Marc et Gatien font demi-tour, c'est la règle en montagne malheureusement!
Nous continuons donc Frédéric et moi, avec Magno, il nous reste environ 200 m...
Ceux qui connaissent l'arrête des bosses au Mont Blanc, sauront ce que nous avons vécu: des montées et des descentes sans jamais voir le sommet, puis, comme dans un rêve, une montée et plus rien au dessus: le sommet et une vue vertigineuse sur la cordillère blanche ! C'est époustouflant ! Nous sommes au sommet du Chopicalqui ( 6354 m ). Nous avons mis 1h10 depuis que nous avons quitté Gatien.
Le vent est extrêmement fort et froid, il fait environ -30 degrés.

Je dois changer la pellicule de l'appareil photo, filmer, j'enlève mes gants 3 minutes, c'est l’enfer ! Nous ne restons guère plus de 10 minutes au sommet, pressés de retrouver de la chaleur, de l'air et de manger un peu (nous n' avons rien mangé depuis la veille).
A la descente nous croisons à une heure du sommet les allemands, suivis des coréens.
Les allemands ont équipé de cordes fixes les passages délicats, ils ont perdu beaucoup de temps. C'est un peu l'embouteillage vers 6200 m mais qu'importe, nous avons eu un temps splendide et le sommet pour nous trois. 

   

Nous redescendons fatigués au camp 2 à 5600 m, nous mangeons et buvons, démontons le camp et décidons de redescendre dès le jour même au camp de base à 4300 m. Cela fait une grosse journée mais plus on descendra, mieux nous dormirons, plus nous aurons chaud, plus vite nous récupérerons. Nous arriverons vers 16h00 au camp de base (partis à 3h30 le matin pour le sommet). 

Nous sommes très fatigués, mais heureux d'être dès le lendemain à Huaraz.
Gatien à un pouce de la main gelé superficiellement et moi 4 doigts de la main droite qui ont perdu toute sensibilité. 

Racra nous prépare un festin, comme d'habitude. Vers 20h00, nous voyons des lampes frontales 100 m au dessus et d'autres très loin sur la moraine. Les premières sont celles des allemands qui redescendent de nuit ( !!?? ), les secondes, très éloignées ( à 2 heures ) sont celles des coréens qui redescendent un de leur compatriote qui a fait un œdème pulmonaire au camp 2. Le médecin allemand lui a laissé 2 heures à vivre s'il ne redescendait pas immédiatement. 

Porté par ses amis, ils le redescendent en pleine nuit, il arriveront bien après 22h00, le coréen est sain et sauf. 

 

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Photos et textes © Pierre Letienne